L’ADN de notre syndicat a toujours été la défense de l’exercice libéral. Dans la prochaine mandature 2025-2028, c’est tout simplement sa survie qui est en jeu. Avec un mouvement de financiarisation qui arrive à grands pas en France, avec des investissements informatiques qui explosent, avec la facture électronique, la question sera bel et bien de sauver cet exercice libéral. Seul ECF, à la tête de notre institution, pourra réussir.
Notre univers professionnel est bousculé. Il se transforme à une vitesse vertigineuse et curieusement, cette nouvelle donne engendre une série de paradoxes dans nos cabinets :
- Jamais, depuis que la profession d’expert-comptable existe, nos cabinets n’ont eu autant de possibilités de développer de nouvelles activités, de créer de nouvelles lignes de services. Et en même temps, jamais ce métier n’a été aussi difficile à exercer.
- A l’aube de la mise en place de la facture électronique, de nombreux cabinets ont automatisé leurs process de production afin de générer des gains de productivité. Et en même temps, jamais les périodes fiscales n’ont été aussi éprouvantes pour les équipes.
Ces paradoxes ont au moins deux origines.
Tout d’abord, nos cabinets deviennent de véritables entreprises et sont confrontés à des conditions de marché. Jusque-là, l’essentiel de notre activité s’appuyait sur la prérogative d’exercice. L’extension du nombre de missions et de services dans les cabinets – conseils, patrimoine, extra- financier, juridique, IT, compliance, etc. – nous place en concurrence frontale avec d’autres acteurs et nourrit une sorte de « guerre des talents et des compétences ». C’est à la fois logique et sain. Mais pas toujours facile à appréhender dans le quotidien des experts-comptables.
Il y a aussi la complexité grandissante de nos économies et de nos sociétés en général. Depuis le choc de simplification de 2012, pas moins de 5 lois de simplification ont été votées. Les résultats sont-ils au rendez-vous ? Hélas non. C’est même tout l’inverse. Nos cabinets ont le sentiment d’évoluer dans un maquis réglementaire et administratif toujours plus dense ! Et de subir une inflation normative sclérosante. Nos entreprises françaises – c’est un record historique – sont aujourd’hui soumises à quelques 400 000 normes ! L’épuisement de nos équipes en sortie de période fiscale en est l’une des conséquences et, malheureusement, l’instabilité politique de la France n’est pas là pour offrir à la communauté du chiffre et du conseil des perspectives rassurantes.
Mais les difficultés volent en escadrilles ! Les éditeurs de la profession sont, pour les plus influents d’entre eux, aux mains de fonds d’investissement étrangers qui en détiennent le capital. La relation contractuelle entre des cabinets de petite taille et ces nouveaux mastodontes devient complètement déséquilibrée, et donc dangereuse pour les experts-comptables. La puissance de ces éditeurs parvient même à mettre en difficulté les plus grands acteurs de notre profession. Nous le subissons actuellement avec un éditeur de payes bien connu qui a capté 80 % du marché et qui, poussé par son fonds américain, veut nous imposer des augmentations de tarif insensées.
Pourquoi je me présente à la présidence du CNOEC ?
Je pourrais vous dire que je connais bien cette institution ettous ses rouages, ce qui est vrai.
Je pourrais aussi vous dire que je souhaite continuer le travail qui a été entrepris entre 2020 et 2022, ce qui est vrai aussi.
Mais je ne vous dirai certainement pas, comme certains esprits chagrins le suggère, que le CNOEC ne sert à rien. Tout simplement parce que je ne le pense pas. Je suis même convaincu que le CNOEC et les CROEC dans toutes les régions doivent tenir un rôle beaucoup plus important. Avec une obsession : aider davantage encore tous les cabinets, quelle que soit leur taille, à devenir de véritables entreprises et aider chaque expert-comptable à prendre son destin d’entrepreneur en main.
Les enjeux figurent dans le projet qu’ECF a construit :
- agir sur nos problématiques de recrutement en créant ECMA RH, une véritable boite à outils, pendant de ECMA numérique, qui proposera des solutions concrètes en matière de recrutement et de fidélisation de nos collaborateurs.
- Tout faire pour éviter le risque de dépendance numérique qui peut mettre en péril nos structures libérales.
- Réinventer nos métiers en nous formant à de nouvelles missions, de nouvelles activités. Les entreprises en expriment le besoin et, si nous ne savons pas répondre, d’autres acteurs prendront la place.
- Et enfin, retrouver l’esprit d’un CNO militant des TPE et des PME.
Deux mots résonnent dans notre projet ECF 2024 :
- ENGAGEMENT parce que, lorsqu’on s’engage, on transforme des promesses en réalités et c’est bien l’idée que je me fais de l’action syndicale et ordinale.
- SERVICE parce que le CNOEC doit mutualiser le plus de services possibles, afin que les petits cabinets soient plus musclés pour faire face aux nombreuses mutations de notre profession d’expert-comptable.
L’ADN de notre syndicat a toujours été la défense de l’exercice libéral. Dans la prochaine mandature 2025-2028, c’est tout simplement sa survie qui est en jeu. Avec un mouvement de financiarisation qui arrive à grands pas en France, avec des investissements informatiques qui explosent, avec la facture électronique, la question sera bel et bien de sauver cet exercice libéral. Seul ECF, à la tête de notre institution, pourra réussir.
Je reste très optimiste sur l’avenir de notre profession d’expert-comptable. Le champ des possibles est vaste. Mais je suis plus inquiet sur la répartition de ce potentiel entre professionnels. Ce qui m’intéresse, ce sont les 22 000 professionnels et leurs 190 000 collaborateurs. Ce qui me motive, c’est que notre profession préserve cette pluralité d’exercice entre petits, moyens et gros cabinets.
Avec un Ordre fort, un Ordre au service de tous les professionnels, un Ordre qui sait faire entendre sa voix auprès des pouvoirs publics, mais aussi auprès de notre écosystème. Un Ordre qui protège les experts-comptables et les défend.
Notre métier change. Notre CNOEC doit aussi changer de braquet et je suis déterminé à agir pour ça. Vous pouvez compter sur mon engagement à suivre cette voie.
Fier d’être expert-comptable